BAYROU AU CENTRE DES DEBATS

L'appel de Rocard à une alliance PS-UDF a ramené Bayrou au centre des débats

PARIS (AFP), 14:04

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François Bayrou, candidat UDF à la présidentielle, le 14 avril 2007 à La Rochelle

L'appel de Michel Rocard, ancien Premier ministre socialiste, à une alliance entre Ségolène Royal et François Bayrou avant le premier tour de la présidentielle a ramené le candidat UDF au centre des débats, dans la toute dernière ligne droite avant le 22 avril.

Le candidat centriste avait été quelque peu marginalisé lorsque le thème de la sécurité, propre à exacerber le clivage droite/gauche, s'était imposé dans la campagne après les violences de la gare du Nord, fin mars.

Dans les derniers sondages, souvent contradictoires, il se situe entre 17% et 21%, une enquête CSA le plaçant seulement deux points derrière Ségolène Royal, alors que selon TNS-Sofres il est distancé de 9 points par la candidate socialiste.

Sa démarche de "rassemblement", de manière à constituer un gouvernement d'union nationale s'il est élu, avait reçu le soutien de plusieurs personnalités politiques marquées à droite - François Goulard, Azouz Begag, Corinne Lepage - mais aucune à gauche ne leur avait encore emboîté le pas.

L'appel de Michel Rocard a donc été "pain béni" pour le candidat centriste, a souligné Philippe Braud, professeur à Sciences Po.

D'autant que les anciens ministres socialistes Bernard Kouchner - toujours en très bonne place dans les classements de popularité - puis Claude Allègre ont abondé dans le même sens, tout en estimant qu'il fallait attendre après le premier tour.

S'il se félicite de l'appel de M. Rocard, qui à ses yeux conforte sa démarche de dépassement des "frontières", il n'est pas question pour le candidat centriste, qui affiche sa volonté d'être au deuxième tour et de battre Nicolas Sarkozy, d'envisager une alliance avant le premier tour.

"Je serai dimanche prochain le vote utile", affirme-t-il dans une interview publiée lundi dans Sud-Ouest, avant de renchérir dans la matinée sur France Inter: "Il n'y a aucun accord d'alliance imaginable dans une élection présidentielle avant le scrutin".

Invité à dire s'il était prêt à se ranger derrière Ségolène Royal au second tour s'il n'était pas lui-même qualifié, François Bayrou a expliqué qu'il n'entendait pas être "ramené dans le camp contre camp".

S'il veut accéder au second tour, François Bayrou doit rassembler le plus largement possible, des centristes aux sociaux-démocrates et aux écologistes, en prenant garde de ne pas effaroucher son électorat traditionnel de centre-droit ni la droite anti-sarkozyste.

Il a pris soin dimanche à Nantes de souligner qu'"il y a beaucoup de gens à droite comme à gauche qui veulent une démocratie de réforme constructive et déterminée".

"Beaucoup de gens de la droite républicaine considèrent que (...) Nicolas Sarkozy exprime des orientations qui ne correspondent pas à ce qu'ils voudraient", a-t-il affirmé.

L'éventualité d'une alliance entre le "centre rénové" de François Bayrou et "la gauche réformatrice", selon les termes de Bernard Kouchner, a en tout cas déclenché une avalanche de réactions.

Laurent Fabius et les porte-parole de Nicolas Sarkozy ont publié des communiqués dimanche, le premier repoussant vigoureusement toute possibilité d'une alliance du PS avec "une formation de droite", tandis que Xavier Bertrand et Rachida Dati voyaient la preuve que le candidat UDF "se situe bien à gauche".

Nicolas Sarkozy a dénoncé "des manoeuvres d'état-majors", tandis que Ségolène Royal repoussait "les petits arrangements avant le vote, dans le dos des électeurs".